Psychologie ou coaching ?

Comment concevoir l’alliance du psychologue et du coach?

Je m’appelle Clio Dupouy, je suis psychologue et coach.

Quelle est la définition de la psychologie ?

Et au travers des questions qui me sont posées, je remarque certaines redondances. Alors j’ai décidé de mieux expliquer ces deux termes plus précisément. Bien sûr je ne me contenterai pas de la définition du dico, vu que cela reste assez vague, et il faut l’admettre : « fourre-tout ».
Mais il est toujours bon de commencer sur cette base. Donc dans notre bon vieux dictionnaire, la psychologie est définie comme « l’étude scientifique des phénomènes de l’esprit. Et dans un sens élargi, elle est décrite comme « la connaissance spontanée des sentiments d’autrui ; L’ aptitude à comprendre et à prévoir les comportements ».

Jusque là, je suis d’accord, c’est une excellente définition précise et concise.

Quelle est la définition du coaching ?

Voyons maintenant la définition du coaching (dont je retirerai pour ma part, l’association première avec l’entraînement des sportifs). Le dictionnaire nous dit cette fois que le coaching est « l’accompagnement (d’une personne, d’une équipe) dans l’accomplissement et la réussite de ses projets. » Mais il est primordial à ce jour, que les professionnels puissent renseigner le public en profondeur sur leurs motivations, intentions, voire manière de travailler. Malheureusement je constate que ce n’est pas souvent fait, et c’est en partie ce qui nous dessert.

Quel est le rapport entre psychologue et coach?

A moi de vous avouer une vérité. Les psychologues et les coachs ne sont pas vraiment « amis ». La raison est simple et logique : Pour devenir psychologue, il faut effectuer cinq années d’études (et plus, si comme moi vous aimez vous spécialiser pour être bien sûr d’avoir un maximum d’outils entre les mains!). Les études de psychologie sont soumises à de rudes sélections année après année, et le stress des étudiants va en augmentant, car contrairement à d’autres disciplines, vous pouvez arriver jusqu’au niveau de licence et de master 1…et vous faire refuser royalement l’entrée du Master 2, le SAINT-GRAAL absolu pour tous les étudiants désireux de jouer un petit rôle dans le monde de la santé psychique et des relations sociales.

La formation des psychologues versus les coachs

C’est vrai, chaque année, nous ne sommes qu’un petit nombre à obtenir le diplôme d’État, et nous regardons tristement certains de nos camarades pourtant très motivés, refaire une, deux, trois années dans l’espoir d’être finalement acceptés. Nombreux sont ceux qui n’osent plus toquer à la porte des universités. Et honnêtement, je les comprends !! Comment peuvent-ils accepter le fait que les examinateurs les aient laissés évoluer jusque-là, et leur barrent soudainement la dernière entrée qui leur permettrait de postuler au métier de leur rêve???

Autant en médecine, il y a des sélections drastiques la première année, autant quand un étudiant choisit une direction dans ce cadre universitaire, il parvient sans grandes difficultés (oui, ok, au prix d’innombrables heures de travail et de révision bien entendu…mais on n’en fait pas moins en psychologie!!) à la dernière année qui le nomme médecin. C’est bien plus pratique de se spécialiser ensuite quand on a acquis le titre rassurant – non pas de médecin uniquement – , mais surtout de « celui qui a gagné le droit de postuler à un travail »!

Bref, vous l’aurez compris, la faculté n’est pas un endroit où coule un long fleuve tranquille. Et ce genre d’études demandent un investissement personnel très important.

Voilà pourquoi il est difficile aux psychologues de s’enthousiasmer lorsqu’ils constatent le succès des coachs depuis quelques années. Le terme de « coaching » aujourd’hui se met à toutes les sauces, on peut être accompagné pour TOUT, il n’y a plus de limites. Et l’une des grosses frustrations évoquées par les psys, c’est de constater la facilité avec laquelle à peu près n’importe qui peut s’auto-déclarer coach, pour peu qu’il en ait la motivation.

« J’aime pas les coachs ! »

Vous voulez la vérité? Je n’aimais pas les coachs! j’en rencontrais régulièrement dans certains déplacements et à chaque fois que je parlais avec eux, ils n’avaient pour la plupart travaillé que 15 jours à 2 mois sur un thème à la mode, et BOUM ils s’étaient déclarés « suffisamment entraînés pour accompagner son prochain en toute sécurité ». Souvent ça me rendait malade d’entendre les catastrophes dont ils me faisaient le récit sans prendre conscience du mal qu’ils avaient peut-être causé à leur client avec telle ou telle parole, tel exercice…

Ces coachs-là demandent des sommes astronomiques pour accompagner celui qui leur demande un coup de main, et déjà… à un niveau éthique et déontologique, on constate bien l’absence de cadre pour une profession à si haute responsabilité! Les psychologues de leur côté, doivent obéir au code d’Éthique et de Déontologie, et sont soumis au secret professionnel au même titre que les médecins.

…Les coachs… ils peuvent faire comme ils le sentent ».

Quelles sont les qualités que doivent avoir les psychologues et les coachs?

Attention, avant toute remontrance, soyons bien d’accord : j’ai rencontré des coachs excellents, qui avaient une vision de l’Humain positive et c’est ce qui les motivait à se lever le matin. Mais pour être totalement franche, ces coachs avaient tous traversé un premier cursus en psychologie. C’est selon moi une économie que l’on ne peut pas faire si on veut être solide et fiable pour son client. Les coachs n’ont que rarement effectué un vrai travail de connaissance de soi, mais ils sont généralement ok avec l’idée de dire à tous (et sans sourciller) comment ils devraient faire/penser/parler, parce qu’eux, « ils savent ». Ils appliquent des recettes de cuisine mais n’ont pas appris que chaque personne a besoin d’un dosage unique et spécifique. En considérant la psychologie de la personne, nous savons que ce que nous allons construire avec elle lui ressemblera vraiment, la révélera elle, différemment de tout autre. Aucune méthode des sciences humaines ne peut être stricte et rigide, l’Homme est bien trop riche et complexe pour être confiné dans des cases.

C’est là un autre écart entre psychologue et coach. Le coach dit souvent à son client qu’il sait, et ce faisant, il se soumet (toujours inconsciemment) à cet impératif de paraître « socialement désirable », en créant l’illusion qu’il ne peut pas faire d’erreur, que c’est lui qui détient la vérité de son client. Son but est de rassurer son client face à son investissement, autant financier que moral. Mais surtout il tente de se rassurer lui, et se raccroche souvent à la pseudo-magique méthode Coué : « Vas-y Jean-Michel, tu te regardes droit dans la glace et tu répètes pendant 20 minutes : je suis le meilleur!!, jusqu’à ce que tu le sentes dans tes veines ! »… Au cas où vous vous demandiez : ça ne marche pas. Sinon c’est dû à l’effet placebo (heureusement qu’il existe celui-là des fois ! on gagne un temps !).

La nécessaire acceptation de notre imperfection et de notre incomplétude

C’est personnellement ce que je reproche à certains coachs. Car c’est là l’erreur monumentale qui peut créer une relation malsaine et déséquilibrée avec celui qu’il est censé servir (oui, c’est bien nous qui sommes au service de notre client, pas l’inverse!). La première chose qu’il nous faut apprendre à reconnaître (et par conséquent à accepter) n’est autre que la fameuse et tellement juste prise de conscience de Socrates. Ce philosophe pratiquait « l’art de la maïeutique », autrement dit, il aidait à accoucher les esprits, en faisant ressortir les trésors cachés en chaque Homme. C’était un grand penseur et philosophe, qui avait toujours prouvé son intelligence logique (tout comme celle du cœur)…en passant sa vie à questionner les valeurs, pensées, actions et jugements que ses congénères exprimaient. Il était certainement l’un des premiers experts des sciences de l’Humain ; Un passionné qui n’avait d’autre but que d’aider son semblable à grandir intérieurement, à penser en faisant des choix éclairés, à agir mais de manière réfléchie. Bref, il aidait l’autre à devenir pleinement SOI, en accord avec ses principes et valeurs, responsable de sa vie ; Mais surtout libre de la choisir et d’agir pour lui donner du sens. D’une certaine façon, on peut sincèrement avouer qu’il aurait eu de bonnes raisons de se sentir un tant soit peu supérieur à nombre de ses semblables. Cependant, même fort de son expérience : plus il développait ses compétences et son savoir, plus il s’apercevait de l’immensité de tout ce qu’il ignorait encore. C’est à ce moment-là qu’il a déclaré très humblement cette vérité sage autant que juste : « Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien, tandis que les autres croient savoir ce qu’ils ne savent pas. »

« Tout ce que je sais, c’est que j’apprendrai chaque jour de ma vie »

Selon moi, dans tous les métiers de l’humain (psys, coachs, médecins, etc.) nous devrions tous prendre soin de cultiver la sagesse Socratique au quotidien, autant dans la sphère privée que professionnelle.
Bien sûr, en tant que psychologue j’ai acquis un « bon » nombre de connaissances en ce qui concerne notre façon de fonctionner, de penser, d’aimer, de détester, de juger (soi-même autant que les autres…), de construire, d’avancer ou de régresser. Mais nous avons encore tant à découvrir sur la complexité de notre race, sur son évolution psychique et sociétale. Sommes-nous seulement à 2% de tout ce qu’il y a à révéler en l’Homme? Je n’en suis même pas sûre !

C’est vous qui choisissez VOTRE psychologue ou VOTRE coach

Quoi qu’il en soit, quel que soit le professionnel auquel vous vous adresserez (psy ou coach, ou masseur ayurvédique ou ré-équilibrateur de chakras), méfiez-vous toujours de celui qui dit qu’il sait tout et qu’il a déjà tout vu, c’est forcément un menteur…qui s’ignore !

Comment peut-on prétendre aider une autre personne si nous ne commençons pas par nous aider nous-mêmes? Comment demander à autrui de « tomber le masque » si nous continuons d’en arborer un au quotidien?? Comment guider cette personne sur un chemin que nous n’avons jamais emprunté nous-mêmes, ou alors, juste du bout de l’orteil (gauche, ça porte bonheur!) ?

Ne succombez pas au chant des sirènes

Toutes ces observations m’ont fait craindre absolument le titre de « coach ». Je regarde depuis des années le nombre de coach « certifiés » qui ont soudain pulullé sur la toile, certains n’ayant fait que 3 jours de PNL et se sentant déjà capables de révolutionner le monde. Le nombre d’écoles et de formations à distance s’est décuplé à la vitesse grand « V »… Et là encore, je dois être honnête, quitte à en décevoir je le sais bien…mais… Heu…après enquête, il s’avère que j’avais des raisons d’avoir peur, car la plupart des formateurs en la matière, n’avaient pas davantage de bagages ou d’expériences que ceux qu’ils ont prétendu former. Ce qui à mon sens est extrêmement problématique. C’est complètement DANGEREUX pour les gens qui vont venir chercher de l’aide!!! Notre aide ! Bref, jusque là donc, je partageais le « jugement » de mes collègues. On parlait avec des coachs, emplis qu’ils étaient de la volonté de nous apprendre la vie et les méthodes « vraiment efficaces » pour aider les gens. Bla, bla, blaaaaa……

Quel est mon parcours atypique ?

De mon côté, j’ai bossé dans de nombreuses institutions, auprès de publics très différents. J’ai fait mes premières armes dans la psychiatrie adulte à l’hôpital, puis en psychologie du développement (qui traite les enfants et adolescents, en Centre Médico-Psychologique).

J’ai exercé en Institut Médico-Educatif (où l’on mêle le soin aux apprentissages scolaires), puis en CATTP (Centre d’Activité Thérapeutique à Temps Partiel), en clinique spécialisée dans l’accompagnement des adolescents en décrochage scolaire et souffrant de pathologies mentales lourdes. J’ai continué mon chemin en organisant des groupes de paroles avec un travail psycho-éducatif pour des familles d’accueil en détresse.

J’ai également écouté des mères abandonnées, maltraitées, avec leurs enfants. Elles venaient toquer à la porte du « Centre Maternel », en pleine nuit, défigurées, sous la pluie battante, tenant un enfant dans chaque main. Elles étaient logées là, dans un petit appartement aménagé pour leur procurer le strict nécessaire, le temps que nous construisions ensemble une nouvelle vie. Où aller vivre? comment payer le loyer? comment aider les enfants déjà traumatisés? dans quel emploi postuler? Il y avait toute leur vie à « reprendre », à entendre et à accompagner pour reconstruire du sens, et réussir au mieux le passage vers un futur préservé contre toute forme de violences

Je suis psychologue clinicienne, je le serai éternellement. Et avec le recul, je l’étais même bien avant de faire mes études ! C’est le genre de truc que l’on mesure toujours dans l’après-coup !

Ma liberté de créer

Mais voilà, pour être pleinement moi, pleinement libre, je devais me sortir des rapports hiérarchiques bidons et des temps faramineux de réunionites aiguës qui nous éloignaient surtout des patients qui avaient besoin de nous à leur côté. J’ai démissionné et je me suis lancée pour créer mon auto-entreprise. Et oui j’avais peur, grave!! Surtout dans les conditions très atypiques dans lesquelles j’exerce (mais je vous dirai ça plus tard..un peu de mystère.

Et je vis enfin ma passion comme je le rêvais. J’exerce comme je le ressens, comme chaque personne m’invite à tout re-créer à chaque fois. C’est fantastique de construire ensemble du sens à la vie et de trouver les outils qui vont l’aider à atteindre ses objectifs. Cela m’oblige à me remette en question chaque jour, et à ne jamais rien considérait comme définitivement acquis, car tout évolue toujours, et l’Homme présente tellement de facettes à comprendre, à apprécier, à valoriser. C’est un renouveau perpétuel et passionnant!! (En tout cas c’est comme ça que je le vis).

Pourquoi suis-je devenue coach?

Qu’est-ce-qui m’a poussée à devenir coach alors ?

L’envie d’accompagner l’humain en profondeur, dans tous ses domaines de vie

Une nouvelle compréhension des besoins et des façons d’y répondre. Ce sont mes patients qui m’ont aidée à voir que je pourrais ainsi aider plus de monde, des personnes qui ne veulent pas nécessairement une thérapie, mais qui rencontrent aussi des problèmes, des blocages importants, et qui ne savent pas comment affronter la chose seul. La psychologie est la base sûre et solide sur laquelle je m’appuie pour comprendre la situation de chacun. Je travaille autant avec mes connaissances qu’avec les émotions qui sont générées par chaque rencontre. Et il est vrai que je ne me comporte pas comme les psychologues dont mes patients me font le récit. Je dois aujourd’hui fortement déplaire à certains de mes anciens collègues, je ne respecte pas à la virgule toutes les injonctions du dit « bon psychologue ». Celui-là est très silencieux (le plus possible comme ça on laisse à l’individu la pleine responsabilité de ses choix); il fait par moments des reformulations (pour s’assurer de bien comprendre ce que veut signaler son patient), son visage est assez impassible (car il doit simplement refléter la fameuse « neutralité bienveillante » à laquelle confronter le patient).

Le désir d’être dans une relation plus proche et motivante avec mes patients et clients

Alors j’ai crée ma façon à moi, telle que je la concevais. J’ai testé : être soi-même, tout en respectant l’éthique, la déontologie, mes valeurs profondément humanistes, le respect que je donne à toute personne… J’écoute, mais souvent « activement », je renvoie beaucoup de choses au patient (sûrement que je n’attire que les patients qui me ressemblent, car ils sont très demandeurs de réflexions communes). Hors de question de donner un jugement, un avis, encore moins un impératif.

Mais j’ai besoin d’échanger, de m’autoriser à questionner ce que j’entrevois chez l’autre, parce que mon but c’est de ne pas l’asseoir devant moi pendant des années de thérapie. Je respecte profondément le temps psychique, celui propre à chacun, celui nécessaire pour permettre la prise de conscience au meilleur moment pour la personne, et non au moment où quiconque le déciderait pour elle. Je ne suis toujours que ce miroir dans lequel la personne se regarde avec recul. Je ne suis que moi et rien de plus. Jamais. Mes patients m’ont dit à quel point ils s’étaient autorisés à dire des choses qu’ils jugeaient « honteuses » ou « indicibles », parce que je les avais très vite mis en confiance.

Simplement en parlant de moi, de ma façon de travailler, des raisons pour lesquelles je fais ce métier, et des buts et projets que je poursuis. Pour moi, impossible d’attendre de quelqu’un qu’il nous confie son monde interne, si secret et fragile, alors que nous nous présentons comme des « sujets mystérieux censés tout savoir ». Encore une fois, nous ne savons rien. Tout ce que je sais, c’est que je me présente toujours en prenant le temps, parce que je veux que la personne se sente pleinement libre d’aller voir quelqu’un d’autre si elle en ressent le besoin. Parfois c’est vrai, « on ne le sent pas », ou la tête de la psy nous rappelle notre mère quand elle nous criait dessus, etc. Ces choses là, elles font partie de la complexité de l’humain, et il faut les entendre, mais aussi les communiquer. Je rassure chaque patient en lui disant qu’à la fin de la séance, je ne l’amènerai pas à prendre un autre RDV avec moi s’il n’a pas encore décidé s’il souhaite poursuivre l’aventure avec moi. Car c’est lui qui me choisit ou pas. Je ne suis que l’objet qui se place à sa disposition pour réaliser une transition entre un « avant » douloureux et un « après » plus serein et agréable. Bon, jusque-ici, je suis ravie, personne n’a désiré rencontrer un autre professionnel.